Vivre à la campagne

Le loisir ornithologique : bref portrait d’un « beau prétexte »

Par Samuel Paré

En ce drôle de début d’été, alors que les mesures de distanciation physique nous incitent à explorer notre environnement immédiat et que les oisillons, à la manière des humains progressivement déconfinés, quittent le nid familial, le moment est idéal pour découvrir l’ornithologie, un loisir pratiqué par près d’un Québécois sur trois et dont les bienfaits sur la santé physique et mentale ne sont plus à démontrer : l’observation des oiseaux est un merveilleux prétexte pour contempler la beauté cachée sous nos yeux et en apprendre plus sur soi et la nature tout en jouant dehors.

Bruant des prés. © Claude Dubé

Ce chiffre impressionnant d’un Québécois sur trois, qui représente environ deux millions de personnes au total, provient d’un sondage mené par la firme SOM et commandé par le Regroupement QuébecOiseaux il y a déjà quelques années, mais la popularité de l’ornithologie, en croissance constante depuis les années 80, ne se dément toujours pas : « L’année passée, j’ai vu passer un sondage qui disait que l’ornithologie avait dépassé pour la première fois le jardinage comme loisir le plus populaire en Amérique du Nord », commente Jean-Sébastien Guénette, directeur général de QuébecOiseaux. Pour le biologiste de formation, ce succès est dû en grande partie à l’accessibilité du loisir ornithologique, dont la pratique n’entraîne pas nécessairement de grandes dépenses (voir l’encadré sur le matériel) et peut se faire n’importe où : « C’est une activité qui ne coûte pas cher. Il suffit de regarder dans sa cour : depuis le début du confinement, les gens ont l’impression de voir plus d’oiseaux que d’habitude, mais non, c’est juste qu’ils regardent dans leur fenêtre. » Dans ce contexte, il n’est pas surprenant qu’environ 5 000 personnes se soient inscrites au programme de science participative Des oiseaux à la maison, lancé par QuébecOiseaux durant le confinement pour inciter les gens à observer les oiseaux chez eux et à partager leurs observations avec des ornithologues du monde entier via le site eBird Québec (voir l’encadré sur les observations scientifiques).

Ce type d’activité, qui allie science et loisir, est caractéristique de l’ornithologie, une discipline scientifique où il est d’usage de s’appuyer sur des données recueillies par des amateurs et dont le nom désigne, en conséquence, une grande variété de pratiques allant de l’observation informelle à la recherche la plus poussée : « En français, on tend à regrouper toutes les formes d’observation des oiseaux sous le terme d’ « ornithologie », alors qu’en anglais, par exemple, on a ornithology, qui est plus réservé à la science des oiseaux, et birdwatching, qui désigne ce que j’appelle le « loisir ornithologique ». Les façons de pratiquer l’ornithologie comme un loisir sont à elles seules très diversifiées : la majorité des gens qui s’intéressent aux oiseaux ne font qu’installer une mangeoire dans leur cour et observer ceux qui y viennent depuis la fenêtre de leur cuisine, d’autres sortent de chez eux pour aller dans les parcs et éventuellement prendre des photos, et, à l’autre extrême, il y a ceux qui font le tour du monde pour observer le plus d’espèces possible », résume Jean-Sébastien Guénette. Le spécialiste ajoute qu’au Québec, le loisir ornithologique s’est développé au moment de la création des premiers clubs d’ornithologie, dans les années 50, et a connu son âge d’or dans les années 80, qui ont marqué la création de l’Association québécoise des groupes d’ornithologues, l’ancêtre de Québec Oiseaux. Aujourd’hui, le Regroupement représente environ 7 500 membres individuels ou affiliés à des clubs en plus d’œuvrer pour le développement du loisir ornithologique ainsi que pour le suivi et la protection des oiseaux.

Selon l’ornithologue professionnel Serge Beaudette, cette multitude de façons de pratiquer le loisir ornithologique explique également, outre les facteurs technico-économiques, le franc succès remporté par ce dernier auprès de la population : « Cette diversité- là va aussi créer l’engouement pour l’ornithologie, qui est toujours grandissant : en 1990, on disait que c’était le loisir à plus forte croissance, puis là on est rendu en 2020, et c’est encore le cas », note celui qui constate cette diversité à même les groupes qu’il guide lors de voyages ornithologiques au Québec et à travers le monde. Néanmoins, qu’on se prélasse dans sa cour ou qu’on chasse les espèces rares pour augmenter sa liste d’observations et contribuer à la science, la pratique de l’ornithologie amateur implique toujours une expérience de la nature (Jean-Sébastien Guénette rappelle que regarder des perruches dans une cage n’est pas une activité ornithologique) qui s’accompagne d’un « effet découverte » bien particulier : « Chaque fois que je fais une sortie – et ça fait longtemps que j’en fait –, je trouve toujours quelque chose de nouveau, quelque chose que je vais apprendre. Cette imprévisibilité-là est super stimulante et ne se trouve pas nécessairement dans d’autres loisirs (le golf, par exemple), où l’accent est plus mis sur le développement de compétences personnelles. En ornithologie, il faut être compétent pour observer les oiseaux, les approcher et les reconnaître, mais au-delà de cette compétence-là, il y a un paquet de paramètres qu’on ne contrôle pas, et ça fait du bien », confie Serge Beaudette. Par ailleurs, à cet effet découverte » est à la source des vocations des deux experts rencontrés par Vivre à la campagne, qui, après l’installation d’une mangeoire dans la cour de leurs parents, ont été fascinés par la diversité des oiseaux qui s’y posaient : « Il y a énormément de gens qui commencent l’ornithologie parce qu’ils ont vu quelque chose qu’ils ne pensaient jamais voir », estime Serge Beaudette.

Le Québec, paradis des oiseaux

Pour « voir ce qu’on ne pensait jamais voir », le Québec est un endroit idéal : il est possible d’y observer environ 460 espèces d’oiseaux selon une liste mise en ligne sur le site Les Oiseaux du Québec et fortement inspirée de la Liste commentée des oiseaux du Québec (Association québécoise des groupes d’ornithologues, 1996) établie par Normand David. Les planches d’identification produites dans le cadre du programme Des oiseaux à la maison, mises à la disposition des participants pour les aider à identifier les oiseaux les plus communs autour de la maison (elles sont toujours disponibles sur le site de Québec Oiseaux malgré la fin du programme le 15 mai dernier), répertorient quant à elles 30 espèces observables dans les milieux habités les plus courants de la province (ville, banlieue, campagne). Certains de ces oiseaux sont bien connus, notamment le cardinal rouge, le geai bleu et le merle d’Amérique, mais la présence de quelques autres en milieu urbain et périurbain, comme l’épervier de Cooper ou l’urubu à tête rouge (deux rapaces dont la population est croissante au Québec), a de quoi étonner le débutant. « Souvent, les gens ont pensé toute leur vie que les oiseaux colorés ne vivent que dans les pays chauds, mais là ils vont voir, par exemple, un oriole de Baltimore, qui est orange et noir, et ils vont se rendre compte qu’il y a ce genre d’oiseaux ici aussi. Il suffit d’une rencontre inusitée pour renouveler le regard d’une personne sur son environnement immédiat », relate Serge Beaudette.

Passerin indigo. © Serge Beaudette – pitpitpit.com.

La riche biodiversité aviaire du Québec est due à sa position de corridor migratoire et à la grande diversité de ses habitats : les espèces varient d’est en ouest en fonction de l’avancement du fleuve dans le continent et sur l’axe nord-sud selon les types de milieux naturels. Pour voir des oiseaux, « diversité » est le mot à retenir : « Un bon site d’observation a une belle diversité d’habitats à portée de marche. Tu fais quelques pas, et tu es dans un marais, quelques autres pas et tu te retrouves dans un boisé, une friche arbustive, etc. », explique Jean-Sébastien Guénette. Bien que ces conditions puissent être réunies presque partout dans la province, le directeur général de QuébecOiseaux suggère tout de même quelques destinations ornithologiques de choix, dont la Réserve nationale de faune du Cap-Tourmente (Québec), l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac, le Refuge faunique Marguerite- d’Youville (Châteauguay), la Réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan (Côte-Nord) et la Gaspésie, région à l’honneur dans notre numéro d’été. Cette dernière est particulièrement reconnue pour la colonie de fous de Bassan de l’île Bonaventure, l’une des plus importantes au monde. On peut aussi y observer d’autres espèces marines, comme le macareux moine et le guillemot marmette, ainsi qu’un rare oiseau forestier : la grive de Bicknell.

L’équipement du bon ornithologue

En théorie, la pratique du loisir ornithologique ne nécessite aucun équipement, mais quelques outils peuvent améliorer votre expérience à moindres frais :

– Une paire de jumelles

Les jumelles permettent de mieux voir les détails et les nuances. Il faut être prêt à débourser entre 150 $ et 600 $ pour avoir une paire de bonne qualité, mais cet investissement est pour la vie. Assurez-vous, avant d’acheter des jumelles, que ces dernières conviennent à votre physionomie.

– Un guide d’identification des oiseaux

Le guide permet de donner un nom à ce qu’on voit et d’ainsi échanger plus facilement avec d’autres ornithologues. Il existe deux grands types de guides : ceux qui présentent des dessins d’oiseaux et ceux qui proposent des photographies; les premiers facilitent les comparaisons entre oiseaux semblables (le dessinateur peut les placer comme il le souhaite), alors que les seconds donnent un aperçu de l’allure réelle des oiseaux. Qu’il appartienne à un type ou à l’autre, un bon guide contient, selon Jean-Sébastien Guénette, tous les plumages (mâle, femelle, jeune, adulte, etc.) et regroupe les informations pertinentes, soit les illustrations, le texte de présentation et éventuellement une carte, au même endroit (certains guides séparent les planches d’identification des textes). Il faut également acheter un guide adapté à la région où seront menées les observations. Voici deux bons guides des oiseaux du Québec suggérés par Jean-Sébastien Guénette : Le guide Paquin-Caron des oiseaux du Québec et des Maritimes de Jean Paquin et Ghislain Caron (Michel Quintin, 2011) et le Guide Sibley des oiseaux de l’est de l’Amérique du Nord de David Allen Sibley (Michel Quintin, 2006, traduit de l’américain). Ce dernier livre existe maintenant en application pour téléphone cellulaire, une autre alternative pour identifier les oiseaux. Jean-Sébastien Guénette mentionne aussi l’application Merlin Bird ID.

– Un télescope

Le télescope ne fait pas partie de l’équipement de base de l’ornithologue, mais il peut être utile lorsqu’il s’agit d’observer des oiseaux qui se trouvent à une grande distance du point d’observation et qui bougent peu, comme les rapaces planant en hauteur, les oiseaux de rivages et les oiseaux champêtres. Autrement dit, le télescope sert le plus souvent aux observations menées dans les grands espaces (lacs, montagnes, prairies, grands terrains, etc.).

Ne rien tenir pour acquis

Si le Québec accueille des espèces colorées et peu courantes, il ne faut pas pour autant oublier l’importance des oiseaux plus communs : « Le 20 mars de chaque année, il y a la journée mondiale du moineau pour faire prendre conscience aux gens que même les oiseaux qu’on tient pour acquis, ceux qu’on pense aussi communs que le moineau, sont présentement en déclin ; c’est le cas du moineau au Québec », regrette Jean-Sébastien Guénette. En effet, tout n’est pas rose au paradis des oiseaux, car la baisse considérable des populations d’insectes dans la province et le déphasage entre leur arrivée et la période de nidification, occasionnés respectivement par l’usage de pesticides et les changements climatiques, mettent en péril la survie de tous les oiseaux insectivores : « Je connais quelqu’un qui travaille en Gaspésie et qui m’a dit qu’avant, lorsqu’il faisait l’aller-retour Montréal-Gaspé, il devait s’arrêter au moins une fois pour mettre du liquide lave-glace dans son auto parce qu’il vidait son réservoir à force d’enlever les insectes écrasés sur son pare-brise. Maintenant, il dit que c’est beau s’il utilise une fois ses essuie-glaces », raconte le biologiste.

Piranga écarlate. © Serge Beaudette – pitpitpit.com.

En région, les oiseaux champêtres, c’est- à-dire ceux qui nichent dans les milieux agricoles (le goglu des prés, la sturnelle des prés, le bruant des prés, l’alouette hausse-col, l’hirondelle bicolore, le tyran tritri, le vacher à tête brune, la perdrix grise et le pluvier Kildir, par exemple), sont aussi sérieusement menacés par les actions de l’homme : « Le modèle de la monoculture domine encore les pratiques agricoles, et ça mine la biodiversité pour la simple et bonne raison que s’il y a juste une sorte de plante qui pousse, bien il y aura généralement très peu d’insectes qui vont s’intéresser à cette plante-là. Si on ajoute à ça les façons de contrôler les insectes, on se retrouve avec très peu d’oiseaux dans les champs », déplore Serge Beaudette. Par conséquent, les oiseaux champêtres, dont la population a diminué de 80 % à 90 % dans les 40 dernières années, sont très prisés par les ornithologues en raison de leur rareté. Ces derniers, s’ils veulent contribuer à la sauvegarde de ces espèces (et de toutes les autres), peuvent adhérer à QuébecOiseaux, qui travaille en collaboration avec des clubs-conseils en agroenvironnement et des producteurs pour trouver des manières de concilier l’agriculture et la protection des oiseaux champêtres, et doivent à tout prix éviter de nuire davantage aux oiseaux en s’assurant de ne pas les déranger, de ne pas détériorer leur habitat et de tenir compte de l’affluence qu’engendrera leur signalement sur une plateforme numérique le cas échéant (pour plus de détails, voir le code de conduite sur le site de Québec Oiseaux).

Carouge à épaulettes. © Serge Beaudette – pitpitpit.com.

Conseils pour s’initier au loisir ornithologique

Vous souhaitez vous initier au loisir ornithologique ? Nos deux experts vous conseillent :

  • Rejoignez un club d’ornithologie de votre région. C’est la meilleure façon de découvrir de nouveaux sites d’observation, de développer vos habiletés et de parfaire vos connaissances au contact d’autres passionnés, tout cela pour 20 à 25 $ par année. Dans le contexte actuel, les activités sociales des clubs sont réduites, mais il est toujours possible d’échanger et d’apprendre sur des forums de discussion.
  • Consultez les ressources produites dans le cadre du programme Des oiseaux à la maison sur le site du Regroupement QuébecOiseaux (des planches d’identification et des informations sur eBird).
  • Commencez dans votre cour. En été, on peut observer de 80 à 100 espèces dans un parc : c’est difficile à assimiler pour un débutant. Se familiariser avec les espèces qui fréquentent sa cour est une bonne préparation.
  • Améliorez, dans la mesure du possible, la qualité de votre environnement immédiat afin d’attirer les oiseaux chez vous. Mangeoires, nichoirs, abreuvoirs, arbres fruitiers : le mot clé est « diversité ». Pour plus de détails sur cette question, consultez Le grand livre pour attirer les oiseaux chez soi de Suzanne Brulotte et Gilles Lacroix (Broquet, 2010).
Paruline à gorge orangée. © Serge Beaudette – pitpitpit.com.

Comment rendre ses observations utiles pour la science ?

L’ornithologie scientifique s’appuie fréquemment sur des données recueillies par des amateurs, et les différents outils numériques apparus dans les dernières années, comme la plateforme eBird Québec (consultez le site de QuébecOiseaux pour en savoir plus), contribuent grandement au développement de cette « science citoyenne ». Voici les éléments auxquels il faut porter attention pour rendre une observation scientifiquement valable :

  • La date, le lieu et l’heure
  • Les espèces observées
  • Le nombre d’individus observés pour chaque espèce
  • Les indices de nidification observés (fin mai et juin; facultatif)
Goglu des prés. © Serge Beaudette – pitpitpit.com.

Ainsi, s’intéresser aux oiseaux, c’est aussi ne rien tenir pour acquis et s’interroger sur son rapport à la nature : « Je pense que ça nous fait réfléchir sur nous-mêmes. Souvent, les animaux domestiques vont tendre à laisser paraître certains travers humains dans leur comportement du fait de la domestication, mais les oiseaux sauvages, eux, ont une manière de réagir à l’environnement, de vivre de façon plus harmonieuse avec la nature qui est peut-être un petit peu plus fondamentale, ou authentique. C’est comme si les oiseaux devenaient un objet d’admiration, voire une inspiration », confie Serge Beaudette, qui souligne au passage l’aura de beauté entourant les oiseaux.

Pour lui, le loisir ornithologique peut être décrit comme un « beau prétexte », c’est-à-dire une façon quelque peu détournée de nourrir une certaine sensibilité ancrée en nous, un désir de nature malmené, à l’instar de plusieurs espèces d’oiseaux, par le mode de vie contemporain : « Je connais beaucoup de gens qui auraient de la difficulté, avec le rythme de vie qu’on a, à aller juste en nature s’asseoir sur un banc sans avoir un objectif. Je le vois souvent dans les voyages que je guide : les gens ont besoin de faire un peu de comptabilité et de se dire qu’ils ont vu tant d’oiseaux, tant d’espèces, etc. Il y a une motivation, un défi, mais ça répond à autre chose, comme si les besoins comblés différaient du motif de départ. Si par exemple je me force à faire une sortie que je n’aurais pas faite, parce que j’ai entendu dire qu’il y a un oiseau que je n’ai jamais vu à tel endroit, bien le besoin que ça risque de combler, c’est le besoin de nature, de prendre l’air, même si je n’y vais pas pour ça à priori », explique -t-il. Même son de cloche du côté de Jean-Sébastien Guénette, qui compare le loisir ornithologique aux autres activités de plein air et insiste sur son caractère « bénéfique pour la santé mentale ».

Parfois, cette grâce de la nature nous tombe dessus comme un heureux hasard, incarnée dans un oiseau, et ça peut sauver des vies : « Une dame m’a dit, il y a plusieurs années, que sa mère était placée dans un foyer et que son état dépérissait à vue d’œil, que les médecins étaient inquiets parce que ça n’allait vraiment pas bien. Ils ont mis une petite mangeoire d’oiseaux sur son balcon, puis un cardinal a commencé à venir. Elle a vraiment entretenu un lien avec ce cardinal-là, et ç’a mis beaucoup de nouveauté et de surprise dans sa vie, puis son état de santé s’est amélioré », se réjouit Serge Beaudette.

Pour de plus amples informations sur le loisir ornithologique, consultez :

Merci à :

  • Jean-Sébastien Guénette, biologiste et directeur général du Regroupement Québec Oiseaux.
  • Serge Beaudette, ornithologue professionnel, éthologue, spécialiste du chant des oiseaux, guide de voyage ornithologique, conférencier, chroniqueur et blogueur. Lien vers le site de Serge : http://www.pitpitpit.com/blogue/

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