Par Annie Martel
La Route des Belles-Histoires s’étend de Saint-Jérôme jusqu’à Mont-Laurier. Elle vous fera voyager dans le temps, celui entre autres de la création de certains villages : vous découvrirez leurs histoires capti- vantes et étonnantes qui mettront en lumière le développement forestier, agricole et touristique de cette belle région. Ce sont d’ailleurs les belles histoires des Laurentides qui ont servi d’inspiration à Claude-Henri Grignon pour son roman Un homme et son péché publié en 1933.
Bien que cette aventure nous fasse faire un saut dans le passé, vous pourrez découvrir la Route des Belles-Histoires et ses attraits via l’application mobile Guide Officiel des Laurentides, qui est très bien ficelée. Fiez-vous davantage à l’application qu’au site. Elle vous propose de découvrir une soixantaine de sites, en quatre jours, selon un horaire bien précis. Évidemment, vous pouvez choisir de façon aléatoire vos visites. Pour notre part, nous avons sélectionné quelques endroits en fouinant sur le site Internet et nous nous sommes préparés notre propre itinéraire. Nous avons visité six attraits situés sur cette route de 10 h le matin à 18 h le soir. Suivez le guide, je vous emmène sur la Route des Belles-Histoires.
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Je dois avouer que lorsqu’on m’a proposé de partir à la découverte de la Route des Belles-Histoires, je ne connaissais pas du tout son existence. Après avoir questionné mes proches, je me suis vite rendu compte que cette route touristique officielle du Québec, qui s’étale sur 284 kilomètres de long, était méconnue de bien des gens, même certains de la région des Laurentides. C’est donc par une belle journée d’été que mon conjoint et moi l’avons prise d’assaut pour y découvrir quelques attraits.
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La promenade au Jardin des souvenirs – Saint-Jérôme
C’est donc à Saint-Jérôme qu’a débuté notre visite. Ville natale de mon conjoint, il fut assez surpris de découvrir ce lieu sur la route des Belles-Histoires. Bien que pour certains visiter un cimetière peut sembler lugubre, soyez assuré que ce n’est pas du tout le cas. La promenade au Jardin des souvenirs est un cimetière créé en 1886 par le curé Labelle. Figure emblématique de la colonisation des Laurentides, il était aussi surnommé le « roi du Nord ». C’est d’ailleurs à la chapelle, que l’on retrouve sur le site, que celui-ci a été inhumé, ainsi que d’autres personnages importants dans le développement de Saint-Jérôme. Saviez-vous que nous devons également au curé Labelle la création d’un chemin de fer reliant Saint-Jérôme à Montréal.
Mon coup de cœur sur le site est assurément la grosse grotte, semblable à celle de Lourdes, qui fut construite en 1942 par le curé de l’époque. C’est à cet endroit qu’est encore célébrée la messe lors de la fête du cimetière, qui attire beaucoup de personnes le deuxième dimanche de septembre. À cette occasion, le prêtre mentionne le nombre d’inhumations ayant eu lieu pendant l’année au cimetière de Saint-Jérôme.
Parc Labelle, Monument du Curé-Labelle – Saint-Jérôme
Non loin du cimetière, que vous soyez en vélo ou à pied, vous pouvez vous rendre facilement en quelques minutes au parc Labelle, ou vous trouverez le monument du curé labelle réalisé par le célèbre sculpteur Alfred Laliberté, originaire de Sainte-Élizabeth-de-Warwick et qui a fait carrière ici et en Europe. Le parc où est située la statue a été inauguré en 1905 et revitalisé en 2016, dans le cadre des festivités du 125e anniversaire du décès du curé Antoine Labelle.
À cet endroit, on retrouve également une pièce imposante commémorant le lieu où fut construite la première église de Saint-Jérôme en 1837. Bancs de parc, espace vert, le site est un magnifique endroit pour faire une pause ou un pique-nique. Cette aire de détente vous permettra de relaxer au cœur d’un lieu historique naturel.
Promenade de la Rivière-du-Nord – Saint-Jérôme
À quelques pas de marche, vous traversez la rue et vous êtes maintenant rendu à la Promenade de la Rivière-du-Nord. Pour vous aider à vous repérer, le parcours débute à quelques pas de l’Amphithéâtre Rolland. La promenade de 0,6 kilomètre permet de découvrir l’histoire de la ville et offre une vue exceptionnelle sur la rivière du Nord avec son petit ponceau. Attention, elle est actuellement en rénovation, donc avant de vous y déplacer, vérifiez si les travaux sont terminés. Faites attention également lors de vos recherches afin de ne pas confondre la Promenade de la Rivière-du-Nord avec le Parc de la Rivière- du-Nord, qui sont deux endroits complètement différents, bien que tout aussi agréables l’un que l’autre. Encore une fois, ce fut un bon moment à passer en couple afin de découvrir l’histoire de la création de Saint-Jérôme et des acteurs importants dans le développement de cette ville.
Bel ensemble du patrimoine bâti et gare patrimoniale – Saint-Jovite
En quittant le secteur de Saint-Jérôme, nous avons emprunté la route 117 pour nous rendre dans le secteur de Saint-Jovite, situé à environ 75 kilomètres plus au nord. Saint-Jovite est un endroit coup de cœur pour moi. Au-delà de la route des Belles-Histoires, la rue principale est digne de mention. Une rue avec plusieurs restaurants, plusieurs boutiques et beaucoup de gens, surtout lorsqu’il fait beau. Marcher sur cette rue pour nous rendre à notre destination fut un réel plaisir. Nous nous sommes donc rendus pour dîner à la gare ferroviaire, maintenant transformée en restaurant. C’est en 1883 que le chemin de fer menant à Saint- Jovite fut construit par le célèbre curé Labelle. C’est grâce aux touristes skieurs que l’endroit a pu se doter d’installations dignes de ce nom en 1927.
Devant être démolie en 1997, la gare de Saint-Jovite fut déménagée au centre- ville et mise en valeur par George Kelleger, un amoureux du patrimoine jovitien.
Aujourd’hui, le bâtiment transformé en restaurant respecte vraiment l’image de la gare de l’époque. On se sent dépaysé dès notre entrée. De vieilles publicités ornent les murs, comme celle qui avise les gens qu’il est interdit de cracher au sol sous peine d’amende, certainement une affiche faisant référence à l’époque où chiquer du tabac était fort populaire. Le restaurant de style italien porte le nom d’Antipasto. Nous avons été agréablement surpris par une nourriture extraordinaire et un personnel courtois. La terrasse est sublime, mais nous ne pouvons prolonger le plaisir, d’autres belles découvertes sur la Route des Belles- Histoires nous attendent.
Croisières Mont-Tremblant – Pinoteau (Mont-Tremblant)
À environ 20 minutes de route, en empruntant la 327 et ses somptueuses courbes, se trouvait notre prochaine destination, une découverte que j’avais très hâte de faire : une croisière au cœur du lac Tremblant, à bord du bateau le Grand Manitou II. Bien que la journée ait été extrêmement venteuse, nous avons pris le large. Le soleil était au rendez-vous. Moyennant environ 30 $ par adulte, pour une heure de croisière, vous passerez un très bon moment sur l’eau. L’équipage est très sympathique et vous en apprendrez beaucoup sur l’histoire et les légendes de la région du Mont-Tremblant. Il y a même un petit bar sur le bateau, si vous désirez prendre une petite coupe de vin pour vous détendre entre deux vagues.
Le décor est enchanteur sur l’eau. Les maisons au pourtour du lac sont impressionnantes, vous aurez même la chance de voir celle du célèbre hockeyeur Mario Lemieux et du pilote de Formule 1 Lance Stroll. À ce jour, pour acquérir un terrain en bordure du lac Tremblant, il faut au minimum défrayer un million de dollars. Lors de cette croisière, on apprend également qu’une portion du secteur n’est atteignable que par bateau ou encore en motoneige l’hiver.
La municipalité de Lac-Tremblant-Nord a été fondée en 1915 par des résidents qui désiraient mettre en commun leurs efforts afin de protéger le territoire qu’ils occupaient aux alentours du lac Tremblant. C’est l’une des seules municipalités qui n’a aucune infrastructure routière sur son territoire. Au cœur du lac, on retrouve une petite île avec un chalet, qui fut construit par le docteur Laviolette. Celui-ci avait pour mission de protéger Tremblant de la déforestation. On raconte qu’aucun arbre sur son île n’a été abattu depuis la construction de la maison. À ce jour, l’île appartient encore à la famille Laviolette.
Malheureusement, toute bonne chose a une fin. Ce fut une croisière très intéressante, l’heure a passé extrêmement vite, même trop vite. Je vous recommande particulièrement cette activité lorsque vous irez dans le secteur de Tremblant. Vous serez ébloui par la magnificence des paysages. Des croisières de soir sont également offertes; je serais bien curieuse de vivre l’expérience d’un coucher de soleil sur le bateau.
Gare Arundel – Arundel
Une fois notre croisière terminée, nous avons repris la route 327 en direction cette fois d’Arundel, plus précisément sur la route Doctor-Henry où l’on peut observer ou prendre une pause à l’ancienne gare du Canadien National, érigée en 1925. À l’époque, elle était située sur le côté nord-ouest de l’intersection du chemin de la Rouge et de la route 364.
Elle a été relocalisée à son emplacement actuel en juillet 1986. De vieilles installations servant aux chemins de fer y sont encore observables devant le bâtiment. On peut même lire sur un bout de rail qu’il en coûtait dix cents pour prendre le train.
Calvaire d’Huberdeau – Huberdeau
Pour terminer notre périple sur la Route des Belles-Histoires, non loin d’Arundel, soit à environ six minutes, nous nous sommes dirigés vers le Calvaire d’Huberdeau, un site patrimonial. Un calvaire fait référence à la colline où Jésus fut crucifié. Le Calvaire d’Huberdeau est situé aux abords de la rivière Rouge et offre un chemin de croix constitué de cinq stations. De son sommet, vous aurez une vue imprenable sur le secteur de la Vallée de la Rouge. Des tables à pique-nique y sont disponibles et on y retrouve des sentiers pédestres ainsi que quelques bancs d’église pour les gens qui désirent communier ou encore prendre le temps de prier à ciel ouvert, face au Calvaire d’Huberdeau.
Le premier calvaire d’Huberdeau fut construit en 1892 et celui-ci était en bois. Ce n’est qu’entre les années 1910 et 1920 qu’on procéda à la version actuelle faite de fonte de fer bronzée. Chaque premier dimanche d’août, un important rassemblement est organisé, avec le chemin de croix, une messe, qu’on appelle la fête du Calvaire. Les dernières statuettes en fonte furent construites et érigées en 1985. On en compte à ce jour 37. À l’époque, elles pouvaient coûter de 1000 $ à 2500 $. Le site ferme à 17 h.
Mise à jour du 31 juillet 2023 : En 2021, le ministère de la Culture et des Communications, en vertu de l’entente conclue avec le Conseil du patrimoine religieux du Québec, a accordé une aide financière pour la restauration complète des 27 statues du Calvaire qui étaient en piteux état; ces travaux de restauration sont aujourd’hui terminés. Cliquez ici pour voir des photos.
Cette belle découverte complétait merveilleusement bien ce périple sur la Route des Belles-Histoires, qui encore, il y a quelques jours, était méconnue pour moi. Une aventure que vous pouvez faire en fa- mille, en couple ou avec vos grands-parents qui auront grand plaisir à se remémorer l’histoire patrimoniale de la région. Cette route gagne à être connue! N’hésitez pas à déroger un peu des attraits qu’on retrouve sur la carte, les Laurentides regorgent de petits magasins ou de producteurs locaux. Il y a de tout pour vous préparer un bon petit lunch à partager dans l’un des attraits de la Route des Belles-Histoires. Profitez donc pleinement de votre expérience!
Sources :
https://www.laurentides.com/fr/belleshistoires-route/24 https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-J%C3%A9r%C3%B4me
http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-645/Alfred_Lalibert%C3%A9_%2818781953%29_:_la_sculpture_au_service_de_l%E2%80%99histoire_et_de_l%E2%80%99ethnologie.html#.YrH1p3bMKUk
http://www.jacqueslanciault.com/2019/05/25/art-public-monument- cure-antoine-labelle-alfred-laliberte-place-cure-labelle/
https://www.restaurantantipasto.com/fr/apropos.php
http://www.croisierestremblant.com/fr/index.php
https://baladodecouverte.com/circuits/611/poi/6312/bureau-de-poste
https://www.laurentides.com/fr/membres/site-patrimonial-du-calvaire-dhuberdeau
Publié dans le Vol. 11 No. 3 de Vivre à la campagne.
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