Coups de cœur en Chaudière-Appalaches

Par Zabel Bourbeau

Comme plusieurs, je connaissais peu la belle région de Chaudière-Appalaches. Bien sûr, je l’ai côtoyée rapidement en empruntant l’autoroute pour aller vers l’est, mais je ne m’y étais jamais vraiment aventurée… La famille de ma meilleure amie d’enfance, Loulou, vient de la Beauce. Alors, il y a belle lurette que j’en entend parler et que je souhaite explorer ce territoire afin d’y découvrir ses richesses. Avec ses 16 000 kilomètres carrés, la région se situe sur la rive sud du Saint-Laurent. Entourée par le Bas-Saint-Laurent, les États-Unis, l’Estrie et le Centre-du Québec, c’est grâce à ses ressources naturelles importantes qu’elle se démarque principalement : les industries forestières, agricoles et minières. Comme son nom l’indique, la rivière Chaudière qui en traverse le cœur ainsi que les Appalaches partagées avec les États-Unis constituent deux grandes richesses de la région.

Je profite donc de deux belles journées exceptionnellement chaudes et ensoleillées d’avril pour visiter une partie de cette vaste contrée. En cette période où les activités en plein air jouissent d’une forte popularité, j’axerai mes découvertes sur des sites naturels et gratuits, permettant à tous de bénéficier du grand air.

C’est en arrivant par la route 165 que je fais mon entrée dans la région. Côtoyant les éoliennes de l’Érable qui surplombent les collines environnantes, j’adore les points de vue que m’offre déjà le prélude de cette balade. À peine arrivée en Chaudière-Appalaches, son relief typique me courtise et me plaît. Je me rends donc à la mine de Black Lake afin de fraterniser avec ce pays de rivières et de mines. Dans ce secteur faisant partie de Thetford Mines, la pente des rues est impressionnante! Croyez-moi, il y a de quoi se renforcer le mollet à y marcher régulièrement!

Chevauchant ma moto, je remarque quelques curieux installés sur leur galerie qui m’observent passer. Il faut dire que le printemps se montre à peine le bout du nez et que les degrés au-dessus de zéro s’installent peu à peu. Les bourgeons se font timides et les chauds rayons de soleil d’avril les nourrissent de vitamine D.

Arrivée au belvédère de la mine, je me stationne et entreprend d’aller jeter un coup d’œil à l’étendue d’eau turquoise située au creux des parois d’amiante. L’endroit offre un point de vue exceptionnel sur le puits, transformé en lac bleu turquoise ainsi que sur les installations minières de la mine British-Canadian, ou de la BC comme on l’appelle parfois. Rappelons que cette mine ouverte en 1908, dont les opérations furent interrompues de 1928 à 1936, a été fermée définitivement le 1^er novembre 1997.

En arrivant sur la plate-forme, je réalise que la surface de l’eau y est encore gelée; la couche de glace translucide permet tout de même à la couleur sarcelle d’apparaître. Mais d’où vient cette couleur surnaturelle de l’eau? Ce sont de fines particules en suspension dans celle -ci qui reflètent les longueurs d’onde bleue et verte de la lumière solaire. L’effet y est accentué par le fond de roches claires.

En quittant la mine, j’emprunte la route 112 vers le sud. Elle me transporte dans un décor lunaire et presque irréel. J’ai même l’impression de me retrouver au Wyoming ou dans les Badlands du Dakota du Sud… Oui, c’est vrai, j’ai beaucoup d’imagination! Mais il y a véritablement un peu de magie dans cet environnement exceptionnel…

Je me rends donc à Disraeli découvrir son beau lac Aylmer, qui me dit que bientôt les plaisanciers pourront en profiter! Rendue au centre-ville, je me dirige vers l’est pour emprunter le 6e Rang qui me mènera aux abords du lac Saint-François et de ses nombreux chalets. Il faut dire que ces deux lacs sont les plus grands de toute la région!

Je poursuis ma route, jusqu’à Saint-Victor où je prendrai une pause afin d’admirer ce charmant hôtel thématique qu’est l’Hôtel Historique Route 66. Avec, entre autres, quinze chambres thématiques uniques. Huit d’entre elles sont décorées aux couleurs de la mythique route 66, selon un thème distinct pour chacun des huit États traversés (Illinois, Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona et Californie). Qu’on le veuille ou non, ça fait rêver!

Je suis fébrile rien qu’à penser à ma rencontre prochaine avec la fameuse rivière Chaudière! Celle dont on entend tellement parler, celle qui sort de son lit à l’éveil du printemps et fait craindre le pire aux habitants riverains de la région. Mais cette année, elle s’est faite plus discrète. Beaucoup d’histoire est associée à cette Chaudière!

Le 16 septembre 1775, Bénédict Arnold partit à la conquête de Québec avec une armée totalisant plus de 1080 hommes. Remontant le fleuve Kennebec dans le Maine et après plusieurs jours éprouvants à parcourir divers cours d’eau, il atteint le lac Mégantic avec seulement 674 soldats. Affamés et épuisés, ils ont enfin rejoint la rivière Chaudière. Rendus à Saint-François (Beauceville), sa Pirogue fut emportée par les rapides, engloutissant ainsi plusieurs pièces d’or au fond de la rivière. Ils n’ont eu d’autre choix que de continuer leur conquête vers Québec (Tiré d’un panneau d’interprétation aux abords de la Chaudière).

C’est en arrivant par Beauceville que je traverse la rivière par le pont qui passe au-dessus de l’ile Ronde. Me dirigeant vers le sud, je m’arrête au Parc des Rapides-du-Diable pour découvrir de plus près ce cours d’eau. Endroit parfait pour piqueniquer, méditer ou faire la pause, on y retrouve un joli sentier pédestre, des points de vue exceptionnels ainsi que des panneaux thématiques sur l’histoire de ce cours d’eau, et c’est gratuit! Ici la rivière s’agite violemment dans sa formation rocheuse unique!

Je poursuis ma route et à Notre-Dame-des-Pins, c’est le Pont Couvert Perreault qui attire mon attention. Classé immeuble patrimonial, il est d’une longueur de 151 mètres, l’un des plus longs ponts couverts du Québec et même du Canada. Depuis 1969, il est fermé à la circulation automobile et depuis 2018 l’accès y est totalement interdit. Bonne nouvelle : le pont sera heureusement restauré sous peu.

Je retourne donc sur la rive gauche en traversant le pont Pierre-Bourque pour me rendre à Saint-Georges et m’arrêter devant la majestueuse église. Véritable chef-d’œuvre architectural, l’Église Saint- Georges en vaut l’arrêt! Riche en œuvres d’art, une visite s’impose. Quelle ne fut pas ma surprise de voir de magnifiques sculptures dans le petit parc Lacasse, juste en face au bord de la rivière. Je me plais très bien dans cet environnement riche en art, en architecture et en nature! Je poursuis donc mon exploration…

Pour la nuit, j’opte pour le motel Le Voyageur à Saint-Georges. Aucune voiture, le motel semble fermé. Je m’y risque tout de même. Nous sommes en pandémie et la région est durement affectée par la situation. C’est ouvert! J’entre, réserve ma chambre et demande à l’hôte, comment se fait-il qu’il y ait si peu de motels dans cette ville somme toute assez importante? Il m’explique qu’il y en avait d’autres. Adjacents à des concessionnaires automobiles, ces derniers les ont achetés afin de les démolir pour agrandir leur parc automobile…

Un ami, natif de la région, me suggère une balade à l’ile Pozer à quelques pas de là. Trois passerelles ainsi que des sentiers aménagés permettent de se promener à travers marais et cours d’eau. Le lendemain, je profite d’une matinée plutôt fraiche pour aller marcher dans ce secteur. Quel bonheur de découvrir un véritable sanctuaire d’oiseaux! Des photographes-ornithologues s’y retrouvent afin de capter le moment. Encore une fois, beaucoup d’œuvres d’art parsèment le sentier! C’est très zen et je tiens à féliciter les décideurs de la région qui investissent dans l’Art : c’est magnifique!

Je marche ensuite dans l’allée des Lilas. Plusieurs dizaines de lilas de toutes sortes de variétés poussent le long du sentier. Ils sont identifiés et me semblent tous différents. Il faudra attendre quelques semaines avant la floraison, car nous sommes encore tôt dans la saison printanière. J’y retournerai certainement afin d’humer ce paradis olfactif, si bon pour les yeux et le moral!

Quoi de mieux qu’un peu de cardio pour continuer la journée! Mon prochain objectif : le Parc des Sept-Chutes. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, mais je sais que je veux me rendre à la passerelle tout en haut. Circuit pédestre de niveau facile à intermédiaire, il permet à notre petit cœur de pomper et contribue à nettoyer les tuyaux! Ha ha ha! Mais je m’y rends, en empruntant les dizaines d’escaliers qui montent et qui descendent, avec en prime une vue magnifique sur les chutes et cascades. Le Parc des Sept-Chutes offre un ultime rendez-vous avec la nature : forêt urbaine aménagée de 80 hectares, il s’agit d’un réseau de sentiers multifonctionnels s’étendant sur 8 kilomètres, incluant le Sentier des Gorges de la rivière Pozer avec ses belvédères et sites d’observation exceptionnels.

La passerelle de l’Alliance, qui surplombe la septième chute, est suspendue à plus de 25 mètres de hauteur et offre une vue à couper le souffle sur la rivière Pozer et sur des pins deux fois centenaires. En commençant votre randonnée par la rive gauche et en finissant par la rive droite (Sentier des Gorges de la rivière Pozer), vous parcourrez 2,6 km de montagne. Une piste cyclable sillonne également le parc.

Après tout ça, je dois revenir au bercail en me dirigeant vers le nord-ouest; je longerai le fleuve en empruntant le Chemin des Navigateurs. Arrivée à Saint-Antoine de Tilly, je prends la pause, admirative devant l’église et ses belles maisons colorées environnantes. À cette période, des milliers d’oies blanches occupent la surface de l’eau. De l’autre côté du fleuve, ils sont des centaines d’amateurs à les observer.

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Cet article a été publié dans le Vol. 10 No. 3 du magazine numérique Vivre à la campagne.

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