La liste des espèces sauvages en péril au Canada s’allonge. La semaine dernière, cinq espèces ont pour la première fois été examinées par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), qui les a considérées comme à risque de disparaître du pays. Ces nouvelles évaluations portent la liste des espèces en péril à 860.
Quatre des espèces évaluées pour la première fois ont été désignées « en voie de disparition », c’est-à-dire qu’elles sont exposées à un risque imminent de disparaître du Canada. Il s’agit notamment d’une population d’un oiseau de rivage du Nord, d’une sphaigne extrêmement rare, d’un jonc et du criquet énigmatique. Le criquet est confiné à une petite région du sud de la vallée de l’Okanagan, en Colombie Britannique, la région la plus chaude et la plus sèche du pays et un haut lieu de la biodiversité des insectes.
« Le sud de la vallée de l’Okanagan est une mine d’or pour les insectes, de nouvelles espèces étant découvertes chaque année », a déclaré Jennifer Heron, coprésidente du Sous comité de spécialistes des arthropodes. « Nous y avons observé le criquet énigmatique pour la première fois en 2010. L’habitat de ce petit criquet est menacé par l’expansion potentielle et rapide du développement résidentiel. »
Le jonc à fruits courts, également évalué pour la première fois, a été désigné « en voie de disparition ». Cette plante ne se trouve plus qu’à Windsor, en Ontario. Le complexe d’Ojibway Prairie, qui abrite la plus grande population restante, devrait devenir l’un des nouveaux parcs urbains nationaux du Canada.
En plus de l’évaluation de nouvelles espèces, le COSEPAC est également chargé de réévaluer des espèces désignées précédemment comme étant en péril afin de tenir compte des nouveaux renseignements et des activités de rétablissement en cours.
Parmi les sept espèces réévaluées par le COSEPAC, trois sont passées à une catégorie de risque moins élevé. L’expansion des aires de répartition connues et la hausse des effectifs reflètent en grande partie les efforts accrus pour trouver les espèces.
« Ces changements soulignent l’importance de la science communautaire et de la participation des gens aux activités de recherche d’espèces énigmatiques », a déclaré Dwayne Lepitzki, coprésident du Sous comité de spécialistes des mollusques.
Des activités de recherche accrues ont notamment permis de constater que la situation du toxolasme nain, une petite moule d’eau douce du sud de l’Ontario, n’est peut être pas aussi catastrophique qu’on ne le pensait.
« Cette moule n’est pas encore sortie d’affaire et est encore exposée à des niveaux de pollution élevés provenant des villes et des exploitations agricoles. Elle est toutefois plus répandue qu’on ne le croyait, et ce constat a été rendu possible parce que des gens se sont mis à sa recherche », a ajouté M. Lepitzki. La situation du toxolasme nain est passée de « en voie de disparition » à « préoccupante ».
Plusieurs espèces ont conservé le même niveau de risque de disparition, dont deux populations de baleines à bec communes. Ces baleines vivent dans l’Atlantique Nord, où elles passent beaucoup de temps à des profondeurs allant jusqu’à 1 500 m. Même si les deux populations se rétablissent lentement de la chasse à la baleine pratiquée dans le passé, des menaces actives subsistent, notamment les niveaux élevés de bruit sous marin et l’empêtrement dans les engins de pêche. La situation de la population de baleines à bec communes du plateau néo écossais, qui compte un effectif estimé à moins de 100 adultes et qui est « en voie de disparition », demeure particulièrement préoccupante.
Étant donné que le nombre d’espèces à risque de disparaître ne cesse d’augmenter et que les ressources pour les évaluer sont limitées, le COSEPAC se trouve à bout de ressources.
« Nos évaluations reposent sur les efforts de nombreuses personnes dévouées partout au pays », a déclaré David Lee, président du COSEPAC. « Compte tenu de l’ampleur de la crise de la biodiversité, nous avons besoin de tous les intervenants pour identifier, évaluer et conserver les espèces en péril au Canada. »
Prochaine réunion
La prochaine réunion d’évaluation des espèces sauvages du COSEPAC prévue sera tenue au printemps 2025.
Source : Comité sur la situation des espèces en péril au Canada
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