David Lafrance – Huit saisons est une production artistique de la Salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval. L’exposition sera présentée du 1er décembre 2024 au 2 février 2025. Une exposition commissariée par Bénédicte Ramade, historienne de l’art spécialisée dans les questions environnementales. À noter que toutes les expositions présentées à la Salle Alfred-Pellan (l’unique institution muséale en art sur le territoire lavallois) sont toujours gratuites.
Installé sur les versants du Mont-Saint-Hilaire, l’atelier de David Lafrance s’étend au-delà de ses murs, se fondant dans le paysage environnant. Cette région, autrefois muse d’Ozias Leduc et Paul-Émile Borduas, est aujourd’hui le théâtre des observations minutieuses de Lafrance, qui capte ses permutations en temps réel. Alors qu’il peignait autrefois des paysages imaginaires, ses œuvres actuelles traduisent une immersion sensorielle totale—un ancrage visuel, sonore, tactile et olfactif dans l’espace qu’il habite.
DÉJARDINER LE PAYSAGE
Peintre, David Lafrance s’est frotté à l’exigeant projet horticole de créer un jardin topographique adjacent à son atelier à partir de 2021. Après ce dur labeur, d’intenses et joyeuses récoltes émaillées du souci permanent de prendre soin du vivant qui ont inspiré une 1re série de toiles et de sculptures, il a confié son projet aux plus qu’humains. Les mauvaises herbes, la faune, le vent, un climat imprévisible ont alors doucement, mais irrémédiablement transformé les lieux et nourri à leur tour l’inspiration de cet artiste qui n’a jamais cherché à marcher dans les traces du Giverny idéal de Claude Monet.
En déjardinant, l’artiste s’est confronté au thème conventionnel des saisons, qu’il a déconstruit et démultiplié, répondant aux contrariétés climatiques et au désir d’ordre du jardinier par de nouvelles configurations picturales. Ses toiles, ses dessins et même des sculptures mettent ainsi en dialogue l’observation des lieux et leur souvenir en constante métamorphose, créant des paysages faits de mille temps.
Une publication comme un carnet de jardinage
L’ouvrage suit le fil de la conception de l’expérimentation jardinière de David Lafrance qui l’a conduit à laisser la nature (dé)faire son projet initial. Depuis, les habitant.e.s des lieux (grenouilles, lapin, plantations et espèces « indésirables ») ont altéré ce paysage en bonne intelligence, avec l’approbation enchantée de Lafrance.
Le carnet se veut autant un post-mortem qu’une nouvelle source spéculative pour penser le désordre que les saisons subissent avec les changements climatiques, la valeur relative des calendriers, l’histoire des jardins de peintres, les mutations du vivant à l’heure de l’Anthropocène que décrypte la spécialiste des enjeux environnementaux en art, Bénédicte Ramade, commissaire de l’exposition et autrice des textes.
Démarche artistique
L’atelier de David Lafrance s’étale au-delà des murs, à l’extérieur donc, et en pleine nature. Son environnement est aujourd’hui le terreau fertile de Lafrance, qui l’observe à proximité et en temps réel. Si par le passé l’artiste peignait des lieux imaginaires, sans point d’ancrage dans le réel, il illustre aujourd’hui dans ses toiles des espaces dont il fait l’expérience sensorielle – tant au niveau visuel, qu’au plan sonore, tactile et olfactif. Ce faisant, les nouvelles œuvres de Lafrance témoignent d’une nature qu’on scrute de près, accroupi dans le jardin pour en contempler le rythme lent. Assis sur son tabouret, l’artiste découvre ce qui lui est immédiat et à portée de main dans un rapport de réciprocité, voir même de symbiose. Il en résulte des vues en plongée ou à hauteur même des spécimens qu’il peint, où les couches picturales se déposent les unes sur les autres, en infinies palimpsestes, dans une réécriture entêtée du territoire au sein d’un même plan.
Vernissage et lancement de la publication : le dimanche 1er décembre 2024, à 14 h (ouvert à tout le monde et gratuit).
Biographie
David Lafrance (n. 1976) est diplômé à la maîtrise en arts visuels à l’Université Concordia à Montréal. Il exposera en solo à la salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval du 1er décembre 2024 au 2 février 2025. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions et biennales au Canada, aux États-Unis et en France. Parmi ses expositions individuelles récentes, soulignons celles à la Maison de la culture Marie-Uguay (2018); à la Galerie Hugues Charbonneau (2014, 2016, 2018 et 2021); au Ceaac (2015), Strasbourg; à l’Œil de Poisson (2014), Québec; et au Musée régional de Rimouski (2012), qui lui a valu le prix de la « meilleure exposition hors Montréal » au Gala des arts visuels de l’AGAC. Il a participé à différentes expositions collectives, notamment à la Galerie d’art Stewart Hall (2021), au Musée d’art contemporain des Laurentides (2018), au Musée des beaux-arts de Montréal (2015); à l’Œil de Poisson (2015); à Art action Actuel, Saint-Jean-sur-Richelieu (2013); et au Centre d’art L’écart, Rouyn-Noranda (2013).
Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collections, dont celles du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée d’art contemporain de Montréal, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, d’Hydro-Québec, du Mouvement Desjardins ainsi que des villes de Montréal et de Laval.
Exposition : Ilana Pichon – Tout plein de monstres! présentée dans le Foyer de la Salle Alfred-Pellan
Au Foyer, découvrez aussi l’exposition Tout plein de monstres! de Ilana Pichon qui présente un univers créé de toutes pièces où virevoltent monstres poilus et farfelus, textures goûteuses, couleurs et dégradés, le tout saupoudré d’onomatopées. Dessiné ou en laine touffetée, chacun d’entre eux nous permet de retrouver l’enfant en nous, de réveiller notre curiosité devant deux grandes murales, de nous émerveiller le temps d’une visite.
« Ce monde imaginaire a émergé il y a 10 ans alors que j’ai commencé à dessiner pour et avec les jeunes enfants de mon entourage. Tout plein de jambes poilues à pieds palmés, d’yeux en forme d’œufs, de bras en spaghettis ondulés que de pieds en forme de tournevis sont nés. Désormais, cet espace de jeu où inventer, construire et assembler se traduit sous diverses formes et matières (murale, art public, sérigraphie, toufetage, dessin, céramique). Happée par la couleur et les motifs à créer en premier, je suis captivée de voir les monstres se personnifier sous mes yeux. Chaque œuvre me permet alors de mettre en relation l’humain, l’objet/l’œuvre et l’espace vécu dans un rapport d’échelles changeant et, d’ainsi questionner notre place dans le monde. » — I. P.
Source : Salle Alfred-Pelland
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