Vivre à la campagne

Mesures contre l’inflation alimentaire : les entreprises agricoles et les transformateurs alimentaires doivent faire partie du plan de match

Légumes à l’épicerie. Crédit photo : Catherine Zibo, Shutterstock.

L’Union des producteurs agricoles (UPA) et le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) considèrent insuffisantes les mesures annoncées hier par le premier ministre canadien, Justin Trudeau, pour faire face à la hausse des prix des produits d’épicerie. Pour les deux organisations, entamer des discussions avec les dirigeants des grandes chaînes de supermarchés et présenter une première série de modifications à la Loi sur la concurrence ne permettront pas d’atteindre efficacement cet objectif.

« Les producteurs agricoles et les transformateurs alimentaires ont démontré à maintes reprises ces derniers mois que le contexte économique défavorable plombait sévèrement leur rentabilité. La discussion envisagée par le premier ministre n’aboutira pas à des solutions durables et pérennes si la pression financière vécue par les deux premiers maillons de la chaîne alimentaire n’est pas prise en compte rapidement », a indiqué le président général de l’UPA, Martin Caron.

« L’industrie alimentaire, c’est beaucoup plus que les supermarchés. Le milieu agricole et le secteur de la transformation alimentaire ont des défis qui leur sont propres, comme l’augmentation importante des coûts de main-d’œuvre en période de pénurie, et doivent absolument faire partie de la discussion. Autrement, on ne fera que répéter inutilement l’exercice déjà mené en commission parlementaire l’an dernier », a ajouté la présidente-directrice générale du CTAQ, Sylvie Cloutier.

Les mesures annoncées ne s’attaquent ni à l’augmentation des coûts de production et de transformation des aliments ni à la pression financière croissante que vivent les producteurs agricoles et les transformateurs alimentaires. Rappelons que ces derniers ont été impactés beaucoup plus durement par l’inflation que les autres secteurs économiques et qu’ils ont porté leur endettement à un niveau sans précédent, ces dernières années, pour traverser la tempête et répondre aux attentes sociétales (bien-être animal, biodiversité, agroenvironnement, etc.).

Plusieurs mesures structurantes, comme reporter de deux ans la date limite de remboursement des prêts à terme du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, permettraient aux entreprises agricoles et aux transformateurs alimentaires de respirer plus aisément face à l’inflation, l’augmentation des coûts de production et la hausse fulgurante des taux d’intérêt. En reportant cette date de quelques mois seulement, le gouvernement canadien diminue de beaucoup la portée réelle de ses intentions.

D’autres mesures pourraient aussi être envisagées, tant sur le plan fiscal que commerciale, pour en arriver à un meilleur équilibre entre les coûts et les prix. À titre d’exemple, une bonification significative du programme Agri-Stabilité ainsi que la création rapide d’un programme d’aide spéciale permettraient aussi aux entreprises agricoles de contrer cette pression financière, ainsi que les conséquences exceptionnellement désastreuses des événements météorologiques extrêmes. Un soutien plus vigoureux au regard de la pénurie de main-d’œuvre, qui plombe très sévèrement la rentabilité des transformateurs alimentaires, est également requis.

« Les producteurs agricoles et les transformateurs alimentaires sont d’accord avec le premier ministre : l’inflation alimentaire est une problématique qu’il faut combattre à tout prix. S’en remettre simplement aux arguments des supermarchés, qui continuent de prétendre que leurs fournisseurs sont responsables de la hausse des prix, tout en refusant de partager l’augmentation des coûts et malgré des profits records en 2022 et 2023, n’allègera toutefois pas le fardeau financier des familles canadiennes et des autres maillons de la chaîne alimentaire. La part du dollar alimentaire qui va aux distributeurs continuera d’augmenter, sans impact significatif pour les consommateurs », a indiqué M. Caron.

« Nous demandons au gouvernement de consulter les parties prenantes de l’industrie agroalimentaire afin d’élaborer des solutions concrètes, réalistes et bénéfiques pour tous dans un contexte de hausse des prix. La chaîne d’approvisionnement est complexe et la production, la fabrication, la distribution et la livraison des aliments sont tributaires de nombreux facteurs. La hausse du coût des intrants, de l’énergie, des carburants sont autant d’éléments qui sont particulièrement touchés par l’inflation et qui se répercutent sur le coût final des produits. Le CTAQ et ses partenaires invitent donc le gouvernement fédéral à se pencher sur des solutions immédiates et concrètes avec, par exemple, un allégement des taxes sur les carburants et sur les aliments. D’autres solutions pourront être élaborées en fonction de l’état de l’économie », a conclu Mme Coutier.

Source : Union des producteurs agricoles

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