Vivre à la campagne

La route des vignobles

Par Annie Martel

Les vins du Québec sont de plus en plus populaires, vous l’aurez surement remarqué ! Depuis quelques années, les palais québécois se développent pour apprécier davantage les produits d’ici dont nos produits vinicoles. Selon le gouvernement québécois, en 2018, le nombre de viticulteurs était de 318 au Québec. Lanaudière, une région émergente en matière de production de vin, propose maintenant un circuit touristique pour les amateurs de vins : La route des vignobles. Avis à ceux et celles qui, comme moi, aiment visiter des vignobles et surtout découvrir de nouveaux produits bien de chez nous : ce circuit vous surprendra et les magnifiques paysages de la région également. Nous en sommes revenus, mon compagnon et moi, charmés et chargés de quelques bonnes bouteilles! Voici un résumé de notre journée…

Vignoble Lano d’or

En fouillant sur Internet, nous avons trouvé la carte des vignobles à visiter dans Lanaudière, mais nous nous sommes rapidement rendu compte que cette carte n’était pas à jour et qu’il valait mieux appeler ou visiter le site internet des vignobles que vous désirez visiter pour être certain des jours et des heures d’ouverture. Par exemple, notre première destination découverte devait être le vignoble Lano d’or, mais nous avons dû oublier ça car celui-ci ferme dorénavant tous les week-ends au public et qu’il faut réserver d’avance pour une visite. Dommage pour nous! Sachez que l’entrepriseorganise des événements privés. Vous pouvez même vous marier sur place. Le site est magnifique. Le vignoble Lano d’or dispose d’une vue spectaculaire sur le fleuve dans le secteur de Lanoraie. L’endroit est tenu par un sympathique Français du nom de Bruno Méril, son épouse Carine Billon-Piriat et deux amis, Yannick et Dominique. Monsieur Méril a commencé sa carrière aux côtés de nul autre que Paul Léaunard, propriétaire du célèbre restaurant  La Côte de bœuf à Marseille. En 2013, lui et ces quatre filles sont venus vivre au Québec avec l’intention de faire de leur vignoble un  incontournable dans la province.

Crédit photo : Fabien Proulx-Tremblay.

Vignoble Aux Pieds des noyers

Le second vignoble que nous aurions aimé visiter est Aux Pieds des noyers situé également à Lanoraie. Attention, vous pourriez manquer la pancarte sur la route si vous n’êtes pas attentif. Le vignoble est situé dans la cour arrière d’une maison et nous nous demandions vraiment si nous étions au bon endroit tellement c’était discret.

Crédit photo : Fabien Proulx-Tremblay.

Une fois cette confusion réglée, nous avons su qu’il est possible de faire la visite du vignoble mais surtout, de déguster des produits locaux, car c’est sa spécialité. Il s’agit aussi d’un traiteur qui vous en mettra plein les papilles gustatives avec ses accords vins et mets d’ici. Il est fortement recommandé de le contacter avant de vous rendre directement sur place.

Vignoble Mondor

L’une des visites que nous avons particulièrement appréciées est celle du Vignoble Mondor, alors que madame Miriam Poirier nous a guidés et nous a offert une dégustation de vin. Je me suis même permis d’acheter quelques bouteilles. Le Vignoble Mondor tient son nom de l’ancienne compagnie qui exploitait ces terres, une entreprise qui cultivait du tabac de grande qualité. Maintenant transformé en vignoble, l’endroit est idéal pour la pousse des vignes et pour donner de bons raisins. Pour reprendre les mots de Miriam : « Son sol riche en silice a la propriété de refléter la lumière et la chaleur, comme le ferait une infinité de petits miroirs. Il contient également une proportion importante de sédiments laissés par la mer de Champlain, ce qui en fait un sol parfait pour la culture de la vigne et un terroir qui se distingue des autres. »

Les premières vignes ont été plantées en 2004, les premières cuvées ont été élaborées en 2009. Les premiers résultats furent extrêmement concluants. L’entreprise a donc décidé de se lancer dans la plantation de dizaines de milliers de plants supplémentaires dans les années suivantes. À ce jour, le vignoble compte environ 35 000 vignes.

L’entreprise a de bonnes valeurs environnementales. Elle utilise maintenant son propre compost comme engrais au champ. Pour contrer certaines maladies qui peuvent impacter la production de raisin ou le développement des vignes, Vignoble Mondor utilise des produits biologiques. Le désherbage est fait mécaniquement et l’utilisation de l’eau est contrôlée.

Mais parlons un peu de ses vins. Le vignoble a quatre vins phares : un blanc, deux rouges et un vin de glace. Pour ma part, j’ai vraiment adoré le vin blanc, le Côteau d’or, qui se prend bien froid.

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Fiche descriptive du Côteau d’or : ce vin issu d’un cépage planté sur des coteaux sablonneux et ensoleillés est de couleur jaune clair. Il dévoile un nez de fruits, au goût de mangue et de pêche. Il s’agit d’un vin sec et franc, bien équilibré et pourvu d’une fraîcheur désaltérante. Il conviendra parfaitement à l’apéritif et se mariera à merveille avec les plats de crustacés, de poissons et aux volailles grillées.

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Encore une fois, il est préférable de réserver afin de visiter le vignoble, mais vous pouvez tout de même faire un arrêt sur place pour déguster les produits et acheter quelques bouteilles, vous pouvez même apporter un pique-nique et savourer votre repas au pied du vignoble avec une bonne bouteille signée Mondor de votre choix.

Vignoble Saint-Gabriel

Nous avons terminé notre visite au Vignoble Saint-Gabriel situé à Saint-Gabriel-de-Brandon. Dès notre arrivée, nous avons constaté que le propriétaire savait comment attirer les gens chez lui et les garder sur son site plus de 30 minutes.  Nous avions vraiment envie d’y aller tellement c’était convainquant!

En plus du vin que nous avions hâte de déguster sur place, nous étions pressés de goûter à leurs fameuses assiettes du terroir composées de charcuteries, de pâtés et de fromages d’ici. Pour mon compagnon et moi, c’est une formule gagnante!

Mais juste avant de manger et de savourer la vie, j’avais planifié une rencontre avec le propriétaire du vignoble, monsieur Paul Jodoin. C’est dans l’arrière-boutique que ce dernier a bien voulu répondre à toutes mes questions concernant son vignoble.

J’ai appris que le Vignoble Saint-Gabriel est ouvert au public depuis 2010 mais que la plantation des vignes et le travail sur le site ont débuté en 2002. J’ai su également que ce n’était pas prévu que M. Jodoin se lance dans ce type de production au départ, son monde à  lui, c’était l’enseignement.  Le travail de la terre lui vient de son père qui était propriétaire d’une ferme laitière et faisait pousser de grandes cultures.

Le vignoble compte près de 36 000 vignes, ce qui représente environ 45 000 bouteilles de vin par année. L’offre est intéressante et diversifiée : vin rouge, vin blanc, vin rosé, des bouteilles de vendanges tardives et un porto. Pour les amateurs de pinot noir, vous retrouverez ce cépage dans son vin rouge et pour le blanc, des cépages descendant du chardonnay, des hybrides rustiques, descendant du Minnesota. La plupart des vignobles utilisent en majorité ce type de cépages.

Une des particularités du Vignoble Saint-Gabriel qui le distinguent est sa certification Ecocert. Pour obtenir une licence Ecocert, ça demande du temps et beaucoup d’efforts de la part des viticulteurs. Connaissant un peu cette certification, car mon compagnon l’a déjà mise en place dans une microbrasserie écologique, je sais qu’elle apporte plus de travail, mais aussi plus de contraintes aux entreprises; cependant, elle vaut la peine car elle offre aux gens une meilleure qualité de produits.

Dès le départ du projet, il était important pour M. Jodoin que son vignoble soit écologique. Ce choix fut tout de même plus simple pour lui, car la terre était abandonnée depuis 50 ans. Et que, plus personnellement, il supporte difficilement les sulfites que l’on retrouve particulièrement dans le vin rouge et qui sont beaucoup plus élevés que pour un vin biologique (vins dits “normaux” 50 ppm versus 12 et 15 ppm pour le vin biologique).

De plus en plus de vignobles se tournent vers le biologique au Québec. Il y a une vingtaine d’années on pouvait en compter quelque trois ou quatre, maintenant plus d’une dizaine de vignobles au Québec sont 100 % bio. Cette certification biologique attire un certain type de clientèle. Monsieur Jodoin remarque entre autres qu’une grosse majorité de sa clientèle provient de Montréal.

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Les sulfites sont un composé chimique constitué de soufre et d’oxygène. (On les connaît aussi sous les noms dioxyde de soufre, SO2 ou anhydride sulfureux.) Ils se produisent naturellement dans certains aliments et peuvent aussi être fabriqués en laboratoire. À la fois antioxydants et antimicrobiens, ce sont des conservateurs. PPM signifie partie par million (REF: https://fr.rjscraftwinemaking.com/)

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En moyenne le vignoble embauche de  12 à 18 employés qui travaillent dans les champs et à l’intérieur pour les dégustations. Malheureusement, le vignoble de M. Jodoin ne fait pas exception à la pénurie de personnel.  Les gens sont séduits par l’idée de travailler dehors dans un vignoble, mais ils comprennent vite que le travail est ardu et que beau temps, mauvais temps, ils doivent être au rendez-vous. C’est beaucoup de travail car tout est taillé à la main et qu’on doit désherber régulièrement.

Une autre des particularités du Vignoble Saint-Gabriel est sa collection de tracteurs antiques qui impressionne tout le monde. Au début l’endroit avait en exposition une vingtaine de tracteurs, les gens avaient de l’intérêt pour ces grosses machines, maintenant on peut observer et admirer plus de 135 tracteurs antiques situés dans des granges sur le terrain. Chaque tracteur est hyper bien entretenu, c’est impressionnant! On retrouve même sur le site, dans le toit d’une grange, de vieux éléments qui ornaient les maisons de nos arrière-grands-parents dans les années 20, 30, et les années 70, c’est un musée en soi. Selon M. Jodoin, un visiteur sur quatre vient visiter le vignoble pour cette raison. C’est le seul musée de tracteurs antiques au Québec et croyez-moi, ça vaut le détour. Le plus vieux tracteur date de 1901.

La visite de la cave à vin du vignoble est à ne pas manquer non plus. Cet endroit mythique est essentiel à visiter dans un vignoble. On y propose deux visites par jour. Évidemment, il est suggéré de vérifier l’horaire en ligne avant de vous présenter sur place.

J’ai demandé à monsieur Jodoin si ses enfants mettaient la main à la pâte, si son entreprise avait une relève familiale; sa réponse m’a bien fait rire : « Non, mes enfants mettent la main au vin, ils ne viennent que pour le boire. » Malheureusement, sur ces quatre enfants, aucun n’a envie de prendre la relève. C’est du gros travail d’exploiter un vignoble.  M. Jodoin faisait la comparaison avec la production de produits laitiers : « Le vin est le seul produit dont tu t’occupes du début à la fin. Le lait, tu le produis, mais tu ne t’occupes pas de la distribution. S’occuper d’un vignoble, ça demande du temps, de la patience et assurément beaucoup de volonté. Avec le lait tu reçois ta paye chaque semaine dans la boîte à malle, ce n’est pas pareil avec le vin. »

Outre les tracteurs et le vin, les assiettes à partager sur place sont exquises, on retrouve même du fromage de la populaire fromagerie de l’île aux Grues. Nous étions comblés de terminer cette journée avec une bonne fondue au fromage et du bon vin. Nous avons passé quatre heures au vignoble et nous aurions pu y rester encore plus longtemps. Ce fut réellement une superbe visite. Monsieur Jodoin est un homme passionné, inspirant et généreux!

En conclusion, si vous avez envie de parcourir la route des vignobles dans Lanaudière, question de sécurité, dégustez de façon modérée. Lanaudière regorge de petits sites ou gîtes pour dormir, coupez la poire ou pour rester dans le thème, coupez le raisin en deux et prolongez votre visite sur quelques jours. Surtout, réservez vos visites d’avance et planifiez vos déplacements, car la saison achève et les horaires changent. Sinon, planifiez déjà votre tournée des vignobles pour la prochaine saison.

Bonne visite et bonne dégustation! Vdûous serez heureux d’encourager les viticulteurs d’ici qui travaillent d’arrache-pied pour se faire une petite place dans le monde du vin où  les géants d’autres pays dominent sur notre marché. Encouragez local, buvez local, nous ne le dirons jamais assez.

Buvez de façon responsable !

Sources:

https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/agriculture/industrie-agricole-au-quebec/productions-agricoles/culture-raisin-viticulture#:~:text=Vin%20et%20raisins%20au%20Qu%C3%A9bec%20en%20chiffres&text=Nombre%20de%20producteurs%20%3A%20314,march%C3%A9%20%3A%205%2C8%20millions%20%24

https://www.vignoblelanodor.ca/vignoble-et-vigneron/

http://www.vignoblemondor.com/

https://vignoblesaintgabriel.com/accueil

https://www.ecocert.com/fr-CA/qui-sommes-nous

https://fr.rjscraftwinemaking.com/craft-and-cork/sulfites-et-vin/

*Cet article a été publié dans le Vol. 11 No. 4.

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