Vivre à la campagne

S’initier au zéro déchet, un pas à la fois

Par Joani Hotte-Jean

Selon Global Footprint Network, si tout le monde consommait autant que les Canadiens, les ressources de la planète seraient épuisées depuis le 18 mars pour l’année 2020, soit en 77 jours. Cela signifie donc qu’il faudrait 4,75 planètes pour soutenir notre rythme de vie. Cette constatation ne doit laisser personne indifférent et chaque individu peut faire sa part pour réduire sa consommation.

Le zéro déchet s’inspire du principe des 5R inventé par Charles H. Kepner vers 1950 :

  1. Refusez ce dont vous n’avez pas besoin.
  2. Réduisez ce dont vous avez besoin.
  3. Réutilisez ce que vous consommez.
  4. Recyclez si vous ne pouvez pas réutiliser.
  5. Compostez (Réinventez).

Le livre de Béa Johnson Zéro déchet relate le succès d’une femme d’origine française vivant en Californie qui a réussi sa démarche antigaspillage en limitant ses ordures à 1 kg (2,2 lb) par année. Par le fait même, elle a réduit ses dépenses de 40 %, ce qui a inspiré plusieurs personnes à changer de mode de vie, dont Cindy Trottier. Cette dernière est créatrice de contenu et conférencière. Malgré un mode de vie déjà minimaliste, cet ouvrage lui a donné envie de remettre en question son avenir dans le domaine de la publicité en 2014. Depuis, elle ne produit que 13 kg (28,6 lb) de déchet annuellement avec son conjoint et ses deux enfants. Habitant en Montérégie, elle souhaite d’ailleurs propager l’idée que la quête d’une vie simple à impact réduit est possible, même si vous habitez en campagne.

Jardiner permet de réduire sa consommation de plastique puisque vous évitez d’acheter à l’épicerie des aliments qui seraient possiblement emballés. © Joani Hotte-Jean

« Vivre en région donne accès à un lot de facilités quand on y pense : fermiers de famille, cultivateurs, coopératives, jardins communautaires, accès à la forêt et aux zones plus rurales, il faut simplement cesser de regarder auprès des enseignes pour trouver toutes les solutions à notre portée et ainsi, revenir à la base et réduire du coup nos déchets.

Vivre en région, c’est aussi cuisiner, repenser ses achats courants et être moins agressé par la publicité. Avec ces atouts en main, il y a de quoi réussir à réduire encore une fois notre envie de consommer et du coup, notre poubelle! »

Vous devez donc redéfinir vos besoins à l’essentiel… sans vous priver. Voici huit astuces que Cindy utilise afin de réduire ses déchets lors de ses achats courants si elle n’a pas accès aux aliments vendus en vrac :

  1. Achetez en gros, mais soyez certain d’utiliser vos produits pour éviter le gaspillage. Les aliments non périssables sont à prioriser : farine, riz, légumineuses, pâtes et huile. Vous pouvez aussi opter pour une coopérative alimentaire comme Nousrire afin d’acheter des denrées alimentaires regroupées biologiques et écoresponsables.
  2. Privilégiez les aliments locaux en achetant chez des producteurs de votre région et dans les marchés de fruits et légumes. Hors saison, vous pouvez utiliser des aliments surgelés. N’hésitez pas à congeler vous-même vos petits fruits en période d’abondance.
  3. Comprenez vos habitudes alimentaires. Pensez à ce que vous aimez manger et cuisiner pour ne pas que certains aliments soient oubliés au fond de votre armoire.
  4. Réapprenez le vrai goût des aliments. Vous n’avez pas le temps de confectionner vos barres tendres, galettes et autres? Achetez un mélange du randonneur ou croquez dans une pomme.
  5. Cuisinez de façon simplifiée avec des aliments de base.
  6. Choisissez des condiments de base pouvant créer des produits que vous achetez habituellement emballés. Dans votre frigo, si vous avez de la mayonnaise, du ketchup et de la sauce soya, ceux-ci peuvent être transformés facilement en vinaigrettes, trempettes, sauces et marinades.
  7. Réduisez votre consommation de sucre en achetant votre agent sucrant préféré. Vous n’avez pas besoin du miel, du sirop d’érable, du sucre de table, de canne, brun, de coco, etc.
  8. Informez-vous sur les ingrédients interchangeables afin de réduire l’achat de produits superflus.
Jardiner permet de réduire sa consommation de plastique puisque vous évitez d’acheter à l’épicerie des aliments qui seraient possiblement emballés. Plant de piments après la pluie. © Joani Hotte-Jean

De plus, pour effectuer l’entretien de votre maison, vous n’avez pas besoin de beaucoup de produits ménagers. Comme nettoyant tout usage, vous pouvez utiliser du savon de Castille ou du savon à vaisselle. Quant au bicarbonate de soude, il est formidable pour faire disparaître les taches tenaces et le vinaigre blanc peut servir pour nettoyer la cuvette de la toilette ou comme agent de rinçage si vous avez un lave-vaisselle. Il est aussi utile pour retirer le calcaire de votre cafetière ou bouilloire.

Ferme Cormier à L’Assomption. © Joani Hotte-Jean

Vous pouvez obtenir bien d’autres conseils pour réduire vos déchets notamment dans la cuisine, dans la salle de bain, pour effectuer votre lavage, lors des fêtes et célébrations, ainsi que des astuces pour savoir comment mieux acheter en visitant le blogue de Cindy Trottier au www.cindytrottier.ca. Elle a aussi fondé le Circuit Zéro Déchet, un répertoire des commerces québécois soucieux de vous aider dans votre quête de réduire vos déchets à la source. Cette plateforme a remporté le GRAMiE’s 2018 de l’environnement. Sachez également que de plus en plus de commerces acceptent vos contenants en région. Ceux-ci sont répertoriés sur une carte interactive ainsi que chez Métro et IGA.

Trucs en rafale pour moins consommer

Comment pouvez-vous réduire votre consommation? En ne succombant pas aux publicités et en vous posant la fameuse question popularisée par Pierre-Yves Mc Sween : En as-tu vraiment besoin?

  • Encouragez l’économie circulaire. Si vous n’utilisez un objet qu’une fois par année, pourquoi ne pas l’emprunter d’un ami? Si vous devez absolument acheter un produit, préférez la qualité plutôt qu’un bas prix. Il sera plus durable.
  • Pour la fête d’un(e) ami(e), offrez-lui des billets de spectacles ou une activité (spa, visite d’un musée, cinéma, etc.).
  • Donnez une deuxième vie à vos draps et nappes. Ceux-ci peuvent devenir des sacs pour vos courses, des mouchoirs lavables et des serviettes de table.
  • L’industrie des vêtements est la deuxième plus polluante au monde. N’hésitez pas à visiter les friperies, à faire des échanges avec vos amis, à réparer vos vêtements et chaussures ou à donner vos vêtements à une entreprise comme Certex ou à un organisme comme la Société Saint-Vincent-de-Paul.
  • Éliminez la pellicule de plastique, vous pouvez fabriquer une version compostable en fin de vie avec un tissu en coton et de la cire d’abeille.
  • Réduisez votre consommation de viande, votre portefeuille vous remerciera et la planète aussi puisqu’il s’agit de l’une des industries les plus polluantes.
  • Cessez de consommer du plastique à usage unique, dont les bouteilles d’eau, les ustensiles et assiettes jetables. Si vous utilisez des sacs en plastique de type Ziploc, vous pouvez les laver à l’eau savonneuse au lieu de les jeter après une utilisation.

Les objets zéro déchet

Si vous souhaitez réduire vos déchets, plusieurs produits sont offerts sur le marché, mais rappelez-vous… en avez-vous vraiment besoin?

  • Les sacs de lavage pour laver vos vêtements plus délicats afin qu’ils durent plus longtemps.
  • Les sacs réutilisables pour faire votre épicerie.
  • Les sacs pour fruits et légumes.
  • Des moules à muffins en silicone réutilisables.
  • Des pailles en acier inoxydable ou en carton recyclable.
  • Les balles de séchage pour diminuer la « statique » et le temps de séchage. Il s’agit d’une alternative aux feuilles d’assouplissant.
  • Des cure-oreilles réutilisables pour les oreilles et le maquillage. Ceux-ci se nettoient avec du savon doux et de l’eau.

Voici quelques sites internet à consulter :

  1. Bulk Barn
  2. Recyc-Québec
  3. Comment réparer?

Suggestions de lectures

Minimal pour un mode de vie durable, Laurie Barrette et Stéphanie Mandréa, Parfum d’encre

Ce livre vous fournit des trucs, conseils et recettes pour tendre vers le zéro déchet à votre rythme ainsi que pour effectuer un virage vers la simplicité volontaire et le minimalisme. Il vous fera réfléchir sur votre consommation de vêtements, de produits pour la maison, le nettoyage, l’alimentation, la beauté et la santé ainsi que votre famille. Les autrices vous proposent aussi des petits gestes à poser chaque jour pour réduire votre impact sur la nature.

Les autrices Laurie Barrette et Stéphanie Mandréa sont les cofondatrices de l’entreprise écoresponsable Dans le sac. Leur mission? Inspirer un changement. Inscrivez-vous à leur infolettre pour recevoir leurs astuces écologiques au https://danslesac.co!

La consommation dont vous êtes le Z’héros, Florence-Léa Siry, Les éditions de l’homme

Sympathique, flexible et décomplexée, Florence-Léa Siry vous tend la main pour vous aider à adopter le mode de vie zéro déchet. Elle vous propose notamment de réutiliser les emballages commerciaux alimentaires comme les filets, les barquettes de polystyrène, les sacs de lait, la pellicule de plastique, les sacs de céréales et plus encore. Puis, de donner une seconde vie à votre chandail à manches longues ou tunique de laine en le transformant en sac à courses, en éponge tout usage (tawashi), en jambières, en mitaines et en tuques. Cela me fait penser à la célèbre phrase d’Antoine Laurent de Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme ».

Pour une garde-robe responsable, Léonie Daignault-Leclerc, Les Éditions La Presse

Le futur de la planète passe aussi par le choix de nos vêtements. L’autrice Léonie Daignault-Leclerc, designer spécialisée en mode durable, tente de vous sensibiliser aux enjeux éthiques et écologiques de cette industrie. Vous apprendrez notamment à repérer les certifications et standards permettant de vous assurer que vos vêtements ont été fabriqués dans un environnement respectueux des travailleurs, à reconnaître les fibres et les matériaux à privilégier pour vous habiller de manière écologique et éthique envers les animaux, à repérer les indices de qualité pour une plus grande durabilité, à maximiser leur utilisation en effectuant des achats réfléchis plutôt qu’impulsifs ainsi qu’à en prendre soin de manière responsable.

Sans plastique, 100 conseils pour s’en passer, Caroline Jones, Éditions MultiMondes

À travers le monde, 8,3 milliards de tonnes de déchets plastiques ont été répandues dans l’environnement depuis 1950. Au Québec, seulement 18 % sont recyclés par année, ce qui signifie que la grande majorité prend le chemin des ordures et contamine l’environnement. Ce livre vous sera grandement utile pour délaisser le plastique à votre rythme.

Aussi à lire!

  • Famille presque zéro déchet : ze guide, Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, Thierry Souccar Éditions
  • Le zéro déchet, Camille Ratia, Rustica Éditions
© Rachel Cheng

Réinventer des systèmes alimentaires plus locaux et directs!

Le 17 février 2020, Arrivage et Récolte se sont associés afin de construire un avenir alimentaire durable en présentant trois ateliers de recherche regroupant des producteurs et des chefs. Le premier portait sur la cocréation d’un modèle logistique mutualisé innovant. Le système de distribution actuel comprend de nombreux irritants puisque les marges des intermédiaires représentent souvent jusqu’à 40 %, ce qui est trop élevé pour les produits de niche à valeur ajoutée. Celui-ci ne convient d’ailleurs pas à certains produits, dont les pommes rustiques qui sont souvent abîmées dans le transport. Les marges pour les producteurs sont aussi souvent faibles, ce qui fait en sorte qu’ils priorisent les circuits courts, mais ceux-ci ne sont pas structurés et prêts à commercialiser de gros volumes.

Le deuxième atelier présentait la nouvelle application Arrivage actuellement en construction qui simplifiera la vie des producteurs et des restaurateurs. La phase de test bêta sera réalisée ce printemps. Le troisième atelier a permis des discussions sur l’amélioration à l’accès aux produits de la mer. Les poissons québécois ne manquent pas au printemps et au début de l’été, mais la population en mange très peu ou mange souvent les mêmes espèces comme le saumon. Il faudrait donc éduquer le public afin qu’il connaisse une plus grande variété. Il a été suggéré que les restaurateurs et les traiteurs devraient offrir différents produits de manière appétissante afin de donner envie à leurs clients de les essayer. Les ateliers étaient suivis d’un marché fermier où les chefs (et Vivre à la campagne) ont pu découvrir des producteurs et déguster leurs produits afin de passer des commandes.

Informations : https://arrivage.com/ et https://recolte.ca/

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